Le cours de l’or vient de battre un nouveau record absolu en atteignant 4 037 € l’once, une envolée nourrie par la combinaison explosive de la crise politique américaine et de la défiance croissante vis-à-vis des gouvernements occidentaux. L’or s’impose plus que jamais comme un actif refuge dans un environnement monétaire et institutionnel d’une rare fragilité.
L’instabilité américaine ravive la ruée vers la sécurité
Aux États-Unis, la paralysie gouvernementale entre dans sa deuxième semaine. Le shutdown suspend la publication d’indicateurs clés comme le rapport sur l’emploi (NFP), rendant la tâche de la Réserve fédérale encore plus complexe.
Les marchés anticipent désormais deux baisses de taux d’ici la fin de l’année : 25 points de base en octobre, puis une nouvelle réduction en décembre. Selon les projections du CME FedWatch Tool, la probabilité de ce scénario dépasse 80 %. Cette perspective affaiblit le rendement des actifs monétaires et redonne un attrait massif à l’or, dont la détention devient mécaniquement plus compétitive.
Le climat politique à Washington reste délétère : des rumeurs persistantes évoquent des licenciements massifs dans la fonction publique fédérale, conséquence directe du blocage budgétaire au Congrès. Dans ce contexte d’incertitude institutionnelle, la demande pour l’or s’accélère.
Les crises politiques françaises et japonaises accentuent la panique
Sur la scène internationale, les foyers d’instabilité se multiplient. Au Japon, la victoire inattendue de Sanae Takaichi à la tête du Parti libéral-démocrate bouleverse les anticipations économiques : la Banque du Japon pourrait retarder toute nouvelle hausse de taux.
En France, la démission éclair de Sébastien Lecornu, survenue à peine quelques heures après sa nomination au poste de Premier ministre, a plongé le pays dans une impasse politique. L’absence de direction claire fragilise la confiance des marchés européens, renforçant encore l’attrait pour l’or.
La succession de ces événements politiques agit comme un catalyseur mondial : les investisseurs, inquiets de la volatilité institutionnelle, transfèrent massivement leurs capitaux vers l’actif jugé le plus résistant aux crises.
Les marchés suspendus aux prochaines décisions de la Fed
Les opérateurs attendent désormais les minutes du FOMC, susceptibles d’apporter des indices sur la trajectoire monétaire américaine.
Une posture plus restrictive de la Fed pourrait soutenir temporairement le dollar et peser sur les matières premières, mais le marché reste persuadé qu’un assouplissement est imminent. Le moindre signal d’une politique plus accommodante pourrait provoquer une nouvelle vague d’achats d’or.
Une dynamique haussière malgré un dollar solide
Malgré un dollar resté ferme depuis fin août, le mouvement acheteur sur l’or ne faiblit pas. L’euro et le yen, affaiblis par leurs propres crises internes, amplifient ce différentiel. Les flux vers les ETF adossés à l’or atteignent déjà un record annuel estimé à 64 milliards €, selon le World Gold Council — un signe tangible d’un repositionnement massif des portefeuilles institutionnels.
Analyse technique : les seuils à surveiller
Le franchissement du seuil symbolique des 4 000 € valide la sortie d’un canal haussier formé depuis la mi-septembre.
Un premier support technique se situe autour de 3 975 €, puis un plancher plus solide près de 3 947 €. Tant que ces niveaux demeurent intacts, la tendance reste orientée vers le haut.
À court terme, les analystes identifient un objectif potentiel au-delà de 4 050 €, alimenté par la combinaison de facteurs macroéconomiques et géopolitiques.
L’or s’affirme comme la référence de stabilité mondiale, à un moment où la confiance dans les gouvernements, les devises et les marchés boursiers vacille. Les prochains jours seront décisifs : si la Fed confirme l’orientation baissière de ses taux, le cours de l’or pourrait s’ancrer durablement au-dessus du seuil des 4 000 €.











